La biennale d'aquarelle du Teich (bassin d'Arcachon) s'est déroulée cette année du 31 août au 7 septembre. Bénédicte Stef Frisbey et David Chauvin étaient les invités d'honneur de cette biennale, au milieu d'une cinquantaine d'artistes (nombreux bons artistes régionaux, mais pas que, quelques nationaux et internationaux). L'exposition se déployait dans un chapiteau dressé à côté de la jolie église du Teich.

Bon accrochage et organisation, variété des sujets, qualité et douceur des œuvres présentées, pour la plupart travaillées à l'aquarelle, dans l'humide. De nombreux visiteurs étaient au rdv, l'exposition a eu un succès bien mérité.

J'ai pu passer trois jours en stage avec Bénédicte Stef Frisbey. J'avais remarqué lors du salon du Haillan la douceur de ses aquarelles, scènes d'intérieur, natures mortes "ménagères", guirlandes de fleurs. Des couleurs douces et rompues, de la lumière, des transparences floutées, du velouté, des contre-jours, une atmosphère d'un temps passé -> il n'en fallait pas plus pour titiller ma curiosité et mon envie de comprendre comment tout cela était possible.

Une prof de bon conseil

Le stage a été l'occasion de voir et de mettre en pratique les gestes utilisés par Bénédicte dans son quotidien d'aquarelliste.

1er jour - préparation du papier : travail sur du "Moulin du coq" ou "Montval" grain fin, préalablement trempé. Le papier n'est pas tendu, il est simplement posé sur une surface plane (plexiglas de préférence). Avant de commencer le travail, il faut faire évacuer le trop plein d'eau du papier en inclinant la planche de plexi => Sil y a trop d'eau, le pigment glisse sur l'eau, n'atteint pas le papier et s'évacue avec l'eau.

Conseil de Bénédicte, dur à mettre en pratique, pendant la peinture dans l'humide : vérifier que le papier est "toujours" humecté, en particulier sur les bords, pour permettre à tout moment l'évacuation du "trop plein" d'eau (laisser la goutte s'évacuer -> si ce n'est pas possible, risque d'auréole... plus ou moins voulue) => humecter le pourtour de la feuille qui sèche parfois vite avec un spalter ou un spray.

- installation d'un fond coloré : de grosses gouttes de couleur (sans trop d'eau...il ne doit pas s'agir d'un jus) sont lâchées sur le papier mouillé; on laisse ensuite tranquillement diffuser le pigment en inclinant la feuille pour permettre l'évacuation du surplus d'eau déposé en même temps que le pigment. La couleur est préparée au préalable, en nuances rompues (vert avec un peu de rouge, gris colorés, etc...)

- mise en place du motif : application de couleur crémeuse sur un fond qui commence à devenir mat -> possibilité d'appliquer au pinceau une couleur crémeuse, assez épaisse, peu chargée en eau : cela permet de placer des touches particulièrement veloutées.

- retraits, taches : les retraits se font sur un fond mat, avec un pinceau humecté mais peu chargé en eau : l'eau déposée sur le papier permet d'éloigner les pigments et de retrouver le blanc du papier. Si on essaie de déposer du mouillé sur du sec, attention, risque d'auréole.

Fond, crémeux et retraits

2eme jour - mise en valeur d'un sujet en négatif. Nous avons travaillé sur un sujet de fleur, d'abord avec un fond coloré pour mettre en place les taches de couleur des cœurs et des pétales, par retraits et ajout de couleur crémeuse pour les étamines, les pétales. Le fond a ensuite été travaillé par morceaux, en délimitant la forme des pétales par contours nets. La zone autour des pétales a été mouillée et des taches de couleurs ont été déposées sur ces parties mouillées pour faire leur travail de fusion... Il est important de travailler les parties du fond les unes après les autres, une fois une partie totalement sèche, pour éviter les auréoles.

Fleurs avec bord net en négatif

3eme jour - essai de mise en pratique sur un sujet un peu plus complexe de ce qui a été vu les deux premiers jours, et figuration de feuillages en avant-plan avec des réseaux d'eau. Utilisation de "mini-cycles de l'eau" (sur une petite partie de la feuille) pour renforcer des valeurs dans un endroit donné de façon floutée, et ans démarcation nette avec les autres motifs.

Démo Bénédicte - le chemin

Le travail ans l'humide, c'est dur! Il faut beaucoup de patience, ne pas trop charger en eau et en pigment car on peut toujours revenir dessus, mais une fois que c'est bouché, c'est bouché... Il faut agir au bon moment... Je trouve très intéressant d'avoir eu cette initiation qui permet de tirer partie des qualités propres à l'aquarelle mais je me vois mal travailler sur une feuille totalement mouillée comme cela a été fait lors du stage : possible en atelier, mais lors en peinture en plein-air, comment gérer? Il faudra que je pose la question à Bénédicte. A suivre.